S'absorber dans la réalité | février 2021

 

Écouter
Tous les sens ouverts comme un chasseur à l’affût, écouter et ressentir le moment. Tout ce qui le compose. Les bruits internes, la respiration, la circulation des fluides, le battement du cœur, les bruits externes, le vent, les oiseaux, les voitures, les avions, le silence. Sentir sa propre présence, la chaleur du corps qui irradie. Ressentir la substance subtile de l’espace, la présence des murs, des arbres ou des montagnes qui nous entourent. Regarder le sol, les objets, le ciel, en laissant le regard ouvert, détendu. Ou bien fermer les yeux, sans s’enfermer dans le monde de sa pensée, en restant en contact avec la perception directe du moment.

 

Ne rien vouloir
Ne rien s’approprier, c’est-à-dire ne rien conceptualiser. Dès que l’on s’approprie, on isole. On transforme la continuité du réel en portion.

Ne rien vouloir d’autre que ce qui est là. Désirer le toucher, le goûter en sa substantifique moelle, c’est-à-dire aller au cœur du réel. C’est cela l’absorption, se laisser couler, fondre dans la réalité de l’instant. C’est là que se cache l’Absolu, pas ailleurs.
Attendre une expérience extraordinaire ou spectaculaire nous empêche de descendre plus profondément en nous-même.
Ne rien vouloir, c’est se donner sans aucune retenue, ni défense. Pas de contrôle, ni de stratégie possible. On se laisse faire, toucher. La réalité de l’instant entre en nous.

Il n’y a plus de frontière. C’est un état d’unité où il n’y a plus d’inquiétude, ni de pensée.

 

Ne pas saisir
C’est important de garder la vigilance du traqueur afin de percevoir sur le vif l’intervention du mental, qui veut saisir ce moment d’ouverture pour l’enfermer dans son cadre duel et conceptuel.
Se détendre complètement. Revenir dans la sensation brute et directe du moment. Réaliser sur le champ combien le moindre mouvement de saisie tranche le vécu et nous maintient à la surface de nous-même. Nous avons alors le sentiment que l’essentiel nous échappe. Mais si on reste léger et que l’on revient au contact de l’instant, on savoure à nouveau sa substance unique.

 

Être
Se laisser être, sans chercher à exister. Uniquement se sentir être.
Le corps respire, l’espace respire. Un seul corps qui s’étend sans limite – le corps cosmique.
Le centre du cœur, l’esprit, l’ensemble des tissus corporels ouverts et détendus, c’est un vécu d’unité à la fois intense et doux que l’on apprivoise au fur et à mesure que le besoin de contrôle lâche.



L’espace
L’espace n’est pas à l’extérieur, L’espace est ce que l’on est de manière fondamentale. Aucune agitation, ni réactivité ne peut jamais le restreindre.

S’absorber dans la réalité du moment, c’est réaliser que la séparation n’existe pas, que notre conscience personnelle n’est pas séparée de la conscience universelle. Elle nous semble différente et contractée chaque fois que l’on s’approprie une expérience. On ne devient alors conscient que d’un seul aspect du réel. Mais la réalité est un continuum que l’on ne peut pas fractionner, aussi il est impossible d’en sélectionner un aspect à l’exclusivité d’un autre.

Le plus simple est de rester détendu et sans préférence par rapport à tout ce qui se présente. Notre conscience personnelle se relâche et retrouve son aspect fondamental d’espace illimité.

 
Article paru dans le Journal du Yoga / Santé Yoga, Février 2021    www.lejournalduyoga.com